Chez Madame... il y a une lettre (part II)
Un jour j'ai eu mon bac... j'avais dans la tête plein d'envies, plein de souhaits... je n'ai pas du savoir les exprimer puisque je me suis retrouvée inscrite en faculté de droit sans avoir rien demandé... Je pense que c'était pour mon bien que tu avais fait ça, pour que ma vie soit assurée, pour que je puisse reprendre ton cabinet... mais pourquoi ne m'as-tu jamais demandée vers quelles études je voulais me diriger? ou plus exactement pourquoi ... mais c'est trop tard maintenant!!!. J'ai fait deux fois une première année de droit. Je n'aimais pas ça mais je voulais là encore te plaire, te faire plaisir, te ressembler. Alors je me suis accrochée tant que j'ai pu. J'ai même failli y laisser ma peau, un soir d'octobre... il faisait froid... j'avais peur... j'étais toute seule dans une clinique où tu m'avais emmenée parce que j'avais mal au ventre... et puis tu es partie, tu es rentrée à la maison ou Malric t'attendait... pauvre petit chien qui se retrouvait sans toi dans un immense appartement. Je crois pouvoir comprendre. Dans la nuit, je me suis levée pour te chercher, pour t'appeler... et puis plus rien, le trou noir... rien, je ne me souviens de rien... même pas de toi.
Ma vie a repris. J'ai tenté d'oublier. J'ai arrêté mes études. J'ai pris un appartement, celui que ton frère, mon parrain avait pris pour lui et qu'à son décés, mon papy (ton papa) m'a prêté pendant un an... Là encore ton absence. Pas une fois, tu n'as franchi le seuil de "ma" maison.
Là, j'ai rencontré celui qui allait devenir 7 ans plus tard mon mari, le père de mes enfants. Celui que j'ai choisi !!! J'ai bien compris que je faisais là quelque chose qui ne te plaisait pas. Je le sentais au fond de moi. Mais pour la première fois de ma vie, et je ne comprenais pas encore, je volais de mes propres ailes. Mes petites ailes, bien courtes. Mes petites ailes qui tentaient désespérement de pousser envers et contre tout... envers et contre toi.
Mais mon besoin de toi était toujours intact. J'accourais au moindre appel. Je répondais présente à chaque fois. Ma vie a failli basculer plus d'une fois dans un chemin que je ne voulais pas. Je suis partie, je t'écoutais... mais ma "cellule" me manquait... alors je reprenais "mon" chemin, "ma" vie, "ma" famille.... Moi, moi et encore moi...
A suivre ..... pour la dernière partie !!!
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(Cette lettre est assez longue. Je l'ai écrite voici maintenant 5 ans... à la suite de son départ. J'en ai retrouvé le brouillon du texte (que je déchirai une fois la lettre réécrite) et j'ai le besoin de le mettre noir sur blanc après le lui avoir lu et brulé un jour de grand mistral dans le cimetière ou elle repose)