Le sac à billes
Un bout de chiffon façon grosse toile de matelas. La grand mère qui avait sorti sa machine à coudre Singer. Machine à pédale, en fer forgé avec un gros coffre en bois qu'on posait par dessus pour tenir la machine à l'abri de la poussière. La grand mère avait fait trois coutures et passait un cordon...Un cordon rouge pour fermer le tout. Et voilà le sac à billes était confectionné.
Il ne restait plus maintenant qu'à le remplir de billes. Des rouges. Des vertes. Des agates. Des gallos. Des mammouths. Des oeils de verre. Tout autant de petites boules en verre qu'ils collectionnaient précieusement.
Ils c'était Elle (l'ainée) et Lui (le cadet). Inséparables. Tout juste 20 mois de différence. Autant dire presque des jumeaux. On en voyait un. On voyait l'autre. Inséparables. Et là, pour jouer aux billes, il ne fallait leur en promettre.
Ils avaient fait aménager par le grand père un coin de la terrasse de la petite maison aux volets rouges. Un coin mi ombre, mi soleil. Dans ce coin, un "circuit à billes". Un peu de ciment, quelques petits cailloux, des montagnes et du sable. Quoi de mieux pour jouer pendant des heures.
Les jeux de billes traditionnels s'étaient au fil du temps améliorés. Elle et Lui avaient rajouté des petites voitures qui avançaient en fonction du tir des billes. Elle et lui avaient augmenté la difficulté en posant sur le parcours une planche posée en son milieu sur un bouchon et qui faisait office de balançoire à billes.
Des après midi entières Elle et Lui jouaient aux billes. Et toujours, les billes regagnaient le soir venu leur sac en toile à matelas.
Pour Elle comme pour Lui, longtemps, à la vue d'une literie rayée grise et blanche, le souvenir des jeux d'enfant sont remontés à leur mémoire. Si lointaine et pourtant de plus en plus présente.